Comprendre le symbole du Nataraja (dieu Shiva, yoga, etc)
Nous désignons par le nom de nataraja une représentation commune de Shiva (un dieu majeur du panthéon indien) faisant une étrange danse.
Loin de n’être que de vulgaires statues, les icônes du nataraja portent un symbolisme fort qui, nous enseignent certains des plus grands mystères de notre monde.
Ce n’est pas pour que le nataraja est considéré dans l’Hindouisme comme l’une des représentations les plus sacrées du dieu Shiva !
Eh oui, le symbole dont nous allons parler aujourd’hui possède des aspects mystiques et ésotériques comme peu d’autres en ont.
Les différents éléments qui composent le nataraja porte en fait tout un sens précis et, ensemble, forment un tout harmonieux.
Tout cela peut sembler quelque peu abstrait, c’est clair.
Nous allons donc maintenant tenter ensemble de clarifier tout cela.
Table des matières :
Analyse étymologique du mot « nataraja »
Analyse étymologique du mot « nataraja »
La première chose à faire pour comprendre la signification du nataraja est de l’analyser d’un point de vue linguistique.
Le terme « nataraja » découle en fait des deux mots sanskrits : nata, la danse et raja, le roi. Le nataraja serait ainsi « le roi des danseurs » ou, plus vraisemblablement, « le roi qui danse ». Le lien avec la danse saute directement aux yeux et est assez facile à comprendre. Celui avec l’idée de roi, lui, est un peu plus complexe.
En fait, lorsque nous voyons Shiva sous la forme du nataraja, nous sommes plus face à un « roi de sagesse » qu’à un dieu en tant que telle, un être capable de nous enseigner la méditation, le Dharma et tout un tas d'autres choses.
Il n'est pas rare pour les Indiens d'en trouver des représentations dans leur temple préféré. Des cultes lui sont rendus et certaines formes de yoga traditionnel lui est lié.
Pour bien comprendre tout cela, il faut que nous nous attardions sur chaque élément qui compose notre symbole. C’est d’ailleurs ce que nous allons faire dans le paragraphe qui suit.
Description de ce symbole du dieu Shiva
Les textes sacrés nous apprennent beaucoup sur les symboles qui entourent le narataja. La tradition védique comme la philosophie hindoue sont riches de trésors.
Voici donc une liste des différents éléments et symboles que vous pourrez trouver sur la statue :
- La posture avec ses quatre bras, la statuette nous indique les quatre directions cardinales, et donc le monde dans sa totalité. (Certains parlent des quatre éléments de notre monde physique, mais ce point de vue est minoritaire.)
- Le cercle qui l’entoure est en fait composé de flammes. Dans la tradition hindoue, le cercle de feu est le symbole de la barrière entre notre conscience et le cosmos.
- Le pied droit du nataraja marche sur une étrange petite créature. Il s’agit en fait du démon Apsmara, la personnification des désirs, de l’ignorance et de l’illusion. Shiva triomphe donc symboliquement de tout cela. Plus largement, ce sont ici tous les démons qui sont chassés.
- Le pied gauche, lui, pointe vers l’observateur de la statue avec son gros orteil relevé. Dans la culture indienne, cela est en fait un signe de bienvenue.
- Si nous regardons bien, nous pouvons voir une petite femme nichée dans les cheveux de Shiva. Il s’agit en fait de la déesse Ganga, la protectrice du fleuve sacré et nourricier de l’Inde. Cela indique que c’est de Shiva qu’est issue la création et la subsistance de la civilisation indienne.
- Au sommet de la tête du nataraja se trouve un crâne, représentation symbolique de la victoire sur la mort.
- Nous pouvons également voir la présence d’un troisième œil sur le front de la statue, signe de la capacité à percevoir la réalité et de l’illumination.
- Avec sa main la plus haute, la statue tient un tambour, qui est associé à la vie et à la création.
- Le nataraja a aussi un gigantesque serpent enroulé autour de son cou et de ses bras. Cela pourrait représenter sa domination sur la matière. La théorie la plus plausible voudrait toutefois qu’il s’agisse d’une représentation du concept de réincarnation.
- La figure dans son ensemble repose sur une fleur de lotus, un symbole porte-bonheur parmi les plus sacrés de l’Inde, allégorie de forces créatrices du bien.
Tous ces éléments nous indiquent ainsi que, oui, le nataraja montre le dieu Shiva comme un maitre de l’univers et de la connaissance.
En tout cas, une chose est sûre : l’Hindouisme est une religion résolument mystérieuse.
Si d’ailleurs vous vous intéressez aux mystères et secrets qu’elle cache depuis des siècles, vous devriez apprécier cette collection toute entière dédiée aux symboles et porte-bonheurs hindous.
Comprendre la signification du nataraja
Avec tous ces éléments de symbolisme, il peut être compliqué de comprendre le sens profond et le message que nous porte le dieu Shiva lorsqu’il est dépeint sous les traits du nataraja.
Il existe en fait à ce titre trois grandes interprétations dont nous allons vous parler.
Attention toutefois : ces trois points de vue peuvent bien entendu s’entremêler, et d’autres peuvent évidemment exister.
Le nataraja est un symbole complexe et chaque école, doctrine ou mouvement religieux hindou peut avoir son propre avis dessus.
La grande danse sacrée du nataraja
Nous l’avons évoqué quelques instants plus tôt mais, en effet, le nataraja nous présente bien le dieu Shiva en train de faire une danse.
Connue sous le nom de « l’Anandatandava » (ce qui se traduit littéralement par « la danse de la félicité »), il s’agit là d’une représentation des cycles cosmiques de la création et de la destruction.
Nombre d’éléments que peuvent de prime abord sembler opposés prennent alors ici tout leur sens. Si le démon de l’envie est représenté sur la même statue que la déesse du Gange (et donc d’une certaine forme de vie), c’est précisément pour cette raison.
Par les nombreux symboles que nous avons analysés, nous pouvons en quelque sorte dire que le dieu Shiva combat ici les forces de l’illusion. De nombreux mythes et rituels hindous relient d'ailleurs Shiva à ce combat bien nécessaire.
Bref, le but de l’Anandatandava serait donc de libérer les hommes de l'illusion, de leur ego et de leurs désirs.
Les cinq domaines de Shiva
Une autre interprétation courante du sens du nataraja consiste à le mettre en parallèle des cinq domaines sur lesquels le dieu Shiva gouverne dans la tradition hindoue.
En particulier, voici quelques explications supplémentaires :
- La création : Cela se remarque par le tambour que tient notre statue porte-bonheur, instrument accompagnant souvent la récitation de mantras.
- La protection : La main la plus basse fait un étrange signe, qui est en fait une bénédiction courante en Inde.
- La destruction : La destruction est symbolisée par le cercle de feu. En particulier, il est ici question de la destruction de l’illusion cosmique.
- La (ré)incarnation : D’une part, le pied du nataraja est fermement ancré dans le sol, en signe d’un être incarné. D’autre part, le serpent enroulé autour de son cou représente le concept de réincarnation.
- La libération : C’est ici l’autre pied qui nous intéresse. Le signe de bienvenue qu’il nous fait montre en effet que Shiva nous invite à nous libérer.
C’est clair : nous sommes bien ici face à une divinité de premier plan de la mythologie indienne. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si Shiva est autant adoré en le long du Gange et du Brahmapoutre !
En fait, il a même sa propre sous-religion, le Shivaïsme. Si vous êtes curieux à ce sujet, vous pourrez en apprendre plus ici.
Le combat cyclique de l’univers
Beaucoup de sages et gurus décrivent l’univers comme un grand mouvement, un cycle en évolution continuelle… ou encore comme une danse.
Notre statue est à ce titre particulièrement intéressante : en nous montrant comme le dieu Shiva combat l’illusion, les avatars et les désirs par une danse mystique, elle nous offre en réalité une vision plus globale de notre monde cosmqiue.
Il faut savoir que Shiva est vu comme la divinité de la destruction. Loin d’avoir un sens péjoratif, il s’agit plus ici de l’idée de la nécessaire suppression de l’ancien pour laisser la place au jeune et au neuf. Le cycle du karma et des réincarnations ne peut se faire sans destruction et, en ce sens, ce n'est pas quelque chose de négatif.
Bref, nous pouvons voir à travers la danse l’Anandatandava la façon dont il détruit la barrière de l’illusion en continu, et ce car l’illusion est alimentée par le cercle de feu qui ne s’éteint jamais.
Encore une fois, tout cela peut sembler quelque peu abstrait, mais il s’agit là d’une allégorie décrivant un des plus grands trésors de la pensée et de la philosophie indienne.