La Marianne : grand Symbole de la République Française
Utilisé tour à tour par ses défenseurs, puis par ses opposants, le symbole de la Marianne est un tout cas une icône populaire de la République.
À travers elle, c’est en fait l’attachement de tout un peuple à la devise de son gouvernement qui s’exprime.
« Liberté, égalité, fraternité » : pour nombre de Français, ces mots ne sont pas vains…
Ainsi, autour de valeurs et de symboles communs, la République a su fédérer et construire une nation nouvelle.
À ce titre, peu de chose ne représente aussi bien les idéaux républicains que la Marianne.
Tantôt vue comme une guerrière intrépide se battant pour la liberté, tantôt comme une mère nourricier pacifiste, cette grande dame a en tout cas su marquer à jamais l’histoire de la France.
Table des matières :
Analyse de chaque élément de ce symbole républicain
Marianne et la Révolution française
Marianne sous la Restauration et les diverses Républiques
Analyse de chaque élément de ce symbole républicain
Les éléments qui caractérisent la Marianne sont nombreux. Nous ne citerons donc ici que les principaux ou, en tout cas, ceux qui reviennent le plus souvent.
Le bonnet phrygien
Nous ne pouvions clairement pas passer à côté du bonnet phrygien.
Symbole de liberté utilisé depuis des millénaires maintenant, ce sont en réalité des esclaves affranchis qui commencèrent à le porter sous la Rome et la Grèce antique.
Par cet élément, le symbole de la Marianne est donc marqué par des idées de libération et d’émancipation.
Autre hypothèse moins romantique, il semblerait que les révolutionnaires républicains (en particulier ceux du Sud de la France) aient pu choisir le bonnet phrygien en référence à des marins et bagnards qui pagayaient sur les galères d’autrefois.
Le faisceau des licteurs
Dans son bras gauche, Marianne tient également souvent un étrange fagot de bois auquel est attachée une petite hache.
Connu sous le nom de faisceau des licteurs, il s’agit en fait là d’un symbole datant de la république romaine.
En effet, les magistrats de l’époque se servaient de ce qu’ils appelaient alors le « fasces lictoriae » pour représenter leur capacité à faire respecter la loi : si un citoyen l’enfreignait, il pouvait être battu par les bâtons ou exécuté par la hache.
Le faisceau des licteurs est ainsi un symbole du nécessaire pouvoir accordé à certains juges de faire appliquer la justice par la force.
Pour en apprendre plus à ce sujet, voici ce que dit le site officiel de l’Élysée au sujet de ce symbole.
Le casque, la lance et le bouclier d’Athéna
Certains bustes et statues nous montrent également notre jeune idole affublée d’un étrange casque particulièrement long, et parfois même d’armes, notamment la lance ou le bouclier.
Il s’agit sans doute là d’une référence à la déesse grecque Athéna qui portait le même genre d’équipement.
Nous pouvons donc ici apporter deux interprétations distinctes.
D’une part, Marianne est une guerrière, capable de défendre la République, de protéger ses citoyens et ses valeurs des attaques de leurs ennemis nombreux.
D’autre part, nous pouvons voir là une allusion à Athéna, et donc à la sagesse, mais aussi à l’importance de l’artisanat et à celle de l’art.
La figure de la jeune femme
Un autre élément que nous n’avons pas évoqué est le caractère féminin de Marianne.
C’est vrai… Après tout, pourquoi avoir choisi une femme plutôt qu’un homme pour représenter de telles idées de liberté ?
Eh bien en fait, il faut savoir que les concepts de démocratie et d’émancipation sont depuis longtemps associés à des personnages féminins en Europe.
Les Grecs anciens par exemple représentaient la démocratie par une magnifique jeune femme pleine d’espoir et de vie.
Marianne et la Révolution française
Avant d’être le symbole de toute la République, Marianne ne servait qu’à personnifier l’une de ses valeurs : la liberté.
Bien avant la Révolution française, les artistes représentaient déjà l’allégorie de la Liberté sous les traits d’une jeune femme portant une lance et un bonnet phrygien rouge. En clair, cette figure était en quelque sorte les prémices de celle qui allait devenir la Marianne que nous connaissons.
Bref, lorsque la Révolution éclata en 1789, le peuple français se tourna vite vers cette femme, symbole s’il en fallait des valeurs qu’ils voulaient voir appliquées dans leur pays.
Eh oui, les Français sont depuis longtemps attachés à certains des plus nobles et plus grands principes. Ce n’est pas pour rien que ce peuple su briller au cours de l’histoire… et ce n’est pas pour rien que nous lui avons donc dédié une collection entière de symboles et de porte-bonheurs que vous trouverez ici.
Bref, c’est ainsi à cette période que, pour la première fois dans l’histoire, un grand nombre de représentations de cette allégorie fut produit.
Sculptures, statues, peintures : celle que tous appelaient alors sobrement « La Liberté » apparaissait sous les traits d’une jeune femme à la robe courte et au caractère somme toute assez guerrier.
Quelques années plus tard, en 1792 pour être précis, la première République fut instaurée, et un sceau et symbole dut lui être trouvé.
Sans trop de débats, ce fut la figure de La Liberté qui fut choisie.
Car la Révolution était passée (c’était en tout cas ce que pensaient les républicains de l’époque), elle ne s’incarnerait plus sous les traits de la fougueuse jeune fille d’autrefois, mais plutôt sous ceux d’une femme plus mûre, plus stable.
Sans trop que les historiens puisent expliquer pourquoi, cette femme fut peu à peu connue sous le nom de Marianne.
Marianne était un prénom très populaire en France au 18ᵉ siècle, il est donc possible vraisemblable que cela vienne du peuple lui-même, qui aurait ainsi décidé de s’accaparer l’emblème de leur nation.
Marianne sous la Restauration et les diverses Républiques
La Première République ne dura en tout et pour tout que douze ans.
C’est ainsi qu’en 1804, l’épopée révolutionnaire vit la fin de son premier acte avec la création par Napoléon Bonaparte du Premier Empire.
Comme il n’y avait plus de république à la tête de la France, Marianne cessa tout naturellement d’en être un des emblèmes.
Cela n’empêche toutefois pas de nombreux artistes de la représenter comme un grand symbole de liberté et d’émancipation des peuples.
Le très célèbre Eugène Delacroix par exemple peut ainsi la peindre en 1830 dans son tableau « Liberté Guidant le Peuple aux Barricades ».
Bref, comme nous l’enseigne l’histoire, la révolution de 1789 ne fut pas la seule. C’est ainsi qu’en 1848, une n-ième révolte populaire amena à la formation de la seconde République.
La figure de Marianne en tant que symbole républicain fut ainsi restauré et, plus que simplement celle de la Liberté, il lui fut attribué les idées de République et de Révolution dans leur ensemble.
Lorsque Napoléon III proclama pour sa part le Second Empire en 1852, il remplaça à son tour notre jeune femme par d’autres emblèmes plus impériaux, comme par exemple le fameux aigle romain.
Au cours de la Commune de Paris, les citoyens révoltés se plurent à créer le culte d’une femme émancipée, représentation de la liberté absolue, combattant les seins nus et la tête coiffée d’un bonnet phrygien.
Même s’il ne fut plus explicitement dit qu’il s’agissait de Marianne, les historiens n’ont pas trop de doutes à ce sujet…
En 1871, après la chute de la Commune, les fondateurs de la Troisième République ont cherché un moyen de faire revivre ses symboles sans pour autant encourager les velléités révolutionnaires de la population.
Ils ont ainsi renoncé au bonnet phrygien pour lui préférer une couronne faite d’épis de blé. Cela n’empêcha toutefois pas de nombreux mécènes, artistes, et même certaines communes à lui préférer la Marianne originelle.
Un symbole qui ne fait pas l’unanimité
Nous pourrions nous dire que, depuis cela, notre dame nationale ne connut plus que gloire et honneur… mais ce ne serait pas tout à fait vrai.
Nombreux en effet sont les ennemis de la République à l’avoir moquée, voire carrément à lui avoir craché dessus.
Les socialistes et communistes l’ont ainsi souvent tournée en dérision, faisant dans leurs rangs une insulte du nom de Marianne.
Les royalistes et monarchistes, eux, l’ont carrément tenue en horreur depuis sa création.
En effet, comment diable auraient-ils pu apprécier un symbole de la République qui leur prit temps, à eux et à leurs ascendants ?
C’est ainsi que Marianne a aussi pu être surnommée « la gueuse ».