Le Tiki Maori : origine et signification d’une statue sacrée
Le plus souvent, lorsque nous entendons le mot « Tiki », nous pensons directement à de grandes statues en bois sculpté munis d’yeux perçants et d’un air menaçant.
Certaines statues pourtant peuvent montrer des expressions de joie ou d’apaisement. D’autres encore auront l’air triste ou tout du moins troublée.
Comme vous le savez sans doute, la culture tiki nous vient tout droit de Polynésie. C’est dans cette région du monde que ces étranges sculptures en bois ou en pierre rendant hommage à d’anciens dieux ont été trouvées.
En fait, vous allez le découvrir maintenant, la signification du tiki est profondément inscrite dans la mythologie polynésienne. Son histoire et ses origines sont intrinsèquement liées à celles des peuples du Pacifique.
Si cette culture vous intéresse, vous devriez sans doute jeter un œil à nos différents porte-bonheur polynésiens. Vous y trouverez de nombreux symboles décryptés.
Table des matières :
Origine du tiki et croyances maories
L’expansion du concept de Tiki dans la pensée polynésienne
Le tiki maori : art et sculpture
Origine du tiki et croyances maories
Pour beaucoup de spécialistes de la culture polynésienne, un parallèle peut être établi entre le Tiki et Adam, le premier homme créé par Dieu selon la religion chrétienne.
En fait, le terme « Tiki » décrit lui aussi le premier être humain à avoir foulé la Terre.
Selon les légendes populaires, Tane (le dieu suprême des religions du Pacifique) aurait créé Tiki à partir de boue. Le sentant fort seul, il lui donna ensuite une épouse.
D’autres versions de l’histoire nous disent plutôt que ce serait Tiki lui-même qui aurait créé son épouse en mélangeant son propre sang à de l’argile.
Ce serait en voyant un jour son reflet dans une petite flaque d’eau que, fou de joie de voir quelqu’un qui lui ressemblait, il lui prit l’idée follement ambitieuse de se créer une compagne.
Cette vision, forcément, était éphémère : lorsqu’il plongea dans la flaque pour embrasser son double, il brisa l’image qui disparut à tout jamais.
En sautant, Tiki se serait blessé et quelques gouttes de son sang aurait coulé. Il recouvrit la mare d’argile et, de cet étrange mélange, naquit sa femme.
Bref, il existe plusieurs histoires quant à l’origine du Tiki, mais qui toutes nous le montrent comme la figure du premier homme.
L’expansion du concept de Tiki dans la pensée polynésienne
Au fur et à mesure du développement de la culture et des croyances des Polynésiens, un nombre impressionnant de légendes et d’histoires au sujet du Tiki ont vu le jour.
En fait, le sens de ce terme s’est élargi pour englober tous les hommes qui, pas des actes héroïques, ont su se hisser au rang de dieux. (Il faut à ce titre noter que le gros des divinités polynésiennes était en réalité composé d’illustres ancêtres à la vie mi-réel mi-légendaire. Cela est souvent décrit par le concept de « culte aux ancêtres ».)
Cela nous nous permet de deviner un fait essentiel à la compréhension du tiki en tant que tel : chacun d’entre eux est unique.
Dans de nombreuses tribus, les membres de haut rang étaient considérés comme tellement puissants qu’ils ne pouvaient forcément qu’être liés au sacré.
Ces individus, parfois héroïques mais parfois simplement bien nés, étaient donc hissés au rang de tikis. Des statues à leur effigie étaient gravées et des cérémonies en leur honneur était données.
À ce phénomène s’ajoute la grande profusion de cultures différentes qui ont pu émerger dans le Pacifique. Des Hawaïens aux Maoris, et passant par tous les peuples de Polynésie française, ce sont en tout plusieurs dizaines de peuples et de cultures distinctes qui ont, d’une façon ou d’une autre, fait la part belle au concept de Tiki.
Malgré une grande profusion de figures dans le monde du tiki maori, il y en a souvent quatre qui se démarquent des autres :
- Kane, le dieu de la lumière et de la vie : Il est le créateur de l’univers et le maître du monde naturel dans lequel nous vivons. Il est souvent représenté avec un corps d’humain, une bouche de poisson et des cheveux en forme de feuilles.
- Ku, le dieu de la guerre : C’est le seul tiki maori auquel des sacrifices humains étaient faits. Avec ses larges épaules, sa bouche grande ouverte, suggérant qu’il puisse dévorer ses ennemis à tous moments, et sa grosse tête à l’ai menaçante, Ku est la divinité à l’aspect et au caractère les plus dominants.
- Kanaloa, le dieu de la mer : Ses représentations sont faciles à reconnaître. Avec ses dreadlocks en forme de calmar, il ne passe clairement pas inaperçu.
- Lono, le dieu de la pluie, de la fertilité et de la paix : Ce tiki maori est celui dont l’aspect inspire le plus confiance. Il nous est souvent présenté avec un large sourire et un gros ventre, symbole d’abondance.
La prochaine fois que vous verrez une représentation de tiki porte-bonheur, vous pourrez l’analyser et essayer de découvrir si elle correspond à l’une de ces quatre divinités. Vous saurez ainsi à quels pouvoirs et bienfaits elle est associée !
Selon vous par exemple, à qui se peut donc rapporter cette bague de tiki ?
Le tiki maori : art et sculpture
La sculpture de tikis maoris est donc l'une des plus anciennes formes d'art connues dans les îles du Pacifique.
Chaque culture a ses propres techniques et variantes (parfois liés aux contraintes de leur environnement propre). Même lorsqu’il sera question d’un même dieu donc, les attributs des statues peuvent varier d’une communauté à l’autre.
Il y a toutefois quelques éléments qui restent constants dans la plupart des cas.
Le but dans la création de ces statues porte-bonheur était avant tout religieux. Toutefois, le tiki étant une forme d’art en lui-même, il a pu arriver que les statues servent simplement de décorations aux villages.
La signification du tiki maori, comme nous l’avons vu précédemment, est celle d’un hommage rendu aux anciens et aux dieux. Cependant, il arrivait parfois que certains hommes puissants décident de se faire sculpter de leur vivant.
Si leur descendant considéraient cela comme abusif, la statue n’était pas détruite mais simplement pas considéré comme sacrée au renfermant la moindre puissance.
Les pouvoirs d’un tiki porte-bonheur étaient très variés et dépendaient le plus souvent de la figure représentée et des rituels qui lui étaient liées.
Effrayer les mauvais esprits, guérir les malades, ou encore apporter chance et prospérité au village : leurs fonctions étaient fort différentes mais correspondaient toujours à un besoin bien spécifique des habitants.
Le hei tiki, un pendentif fait d’une petite statuette
Le hei tiki est un petit pendentif traditionnel polynésien en forme d’humain… ou plutôt de tiki !
Porté par les Maoris de Nouvelle-Zélande depuis des siècles comme porte-bonheur, ce type de pendentif est associé à de grands pouvoirs.
Déjà, de nombreux autochtones le voient comme un symbole de fertilité et de fécondité. Il est vrai que nombre de ces bijoux présentent des personnages aux organes reproducteurs particulièrement imposants.
Lorsqu’il est porté par de guerriers, le hei tiki possède en plus un sens de protection. Un peu comme les anciennes civilisations qui peignaient des symboles magiques autres glyphes sur les boucliers des combattants, les Maoris peuvent porter le hei tiki pour s’assurer la victoire au combat.
Dans certaines tribus, ce pendentif oh combien particulier est enterré avec son porteur lorsqu’il décède. La plupart du temps toutefois, un hei tiki sera transmis à la génération suivante.
En ce sens (et un peu à la manière du tiki en lui-même), le pendentif du hei tiki est un véritable trésor familial qu’il ne faut surtout pas perdre.
Plus que de simples pouvoirs magiques, c’est alors l’esprit du clan, de la famille ou de la tribu qui est ainsi transmis de génération en génération.
La signification de ce porte-bonheur maori de nos jours
Avec la colonisation, les tribus maories et polynésiennes ont rapidement abandonné leurs anciennes croyances pour embrasser le Christianisme apporté par les missionnaires européens.
La création de statue de tiki porte-bonheur a toutefois continué mais sans le sens religieux qu’il pouvait y avoir auparavant. Malheureusement donc, le sens et l’histoire de certaines figures se sont perdus.
C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le tiki s’est importé aux États-Unis. Alors que de nombreux soldats furent déployés dans la région du Pacifique, certains restaurateurs eurent l’idée de créer des établissements au style polynésien.
Au vu du succès qu’ils rencontrèrent, ce fut apparemment là une bonne idée.
Le tiki tel que nous la connaissons aujourd’hui n’est donc pas née à Hawaï mais bien en Amérique !
Fuyant la dépression et le traumatisme de la guerre, une génération entière déferla dans les bars au style tiki, habillés de chemises hawaïennes et dansant jusqu’au bout de la nuit, un verre de martini à la main. Ce phénomène porte le nom de culture tiki.
Dans les années 80, une véritable mode du tiki polynésien enflamme à nouveau les États-Unis. Des bars décorés de torches et de statues de tiki fleurirent un peu partout dans le pays.
Réputés pour leurs boissons alcoolisées et leur ambiance toujours au rendez-vous, ces lieux sont aujourd’hui encore très populaires et fréquentés pas des jeunes comme des anciens.
Porte-bonheur présenté dans cet article :
Bague de tiki maori
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