Vassilissa la (très) belle et Baba Yaga : Conte Russe

Le folklore russe est riche de milliers de mythes, de légendes et de contes populaires qui détaillent la vie de divers personnages extraordinaires.

La plupart du temps, les héros et héroïnes auront recours à la magie ou à quelque pouvoir occulte ou ésotérique que ce soit.

Comme nous le verrons, cela sera bien le cas avec le conte que nous allons aujourd’hui découvrir ensemble.

La légende de Vassilissa la belle et de Baba Yaga nous décrit ainsi la vie exceptionnelle d’une jeune fille qui, il y a bien longtemps, rencontre l’une des sorcières les plus énigmatiques de tous les temps.

Table des matières :

La légende de Vassilissa

Quelques mots l’histoire sur ce conte

La figure de Baba Yaga

D’autres messages issus de cette légende

Pour aller plus loin

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La jeune Vassilissa au milieu d'un champ de Russie.

La légende de Vassilissa

L’histoire de Vassilissa la belle et de Baba Yaga débute lorsqu’un terrible évènement vint frapper la fille alors encore très jeune : nous parlons ici du décès de sa mère.

Comme si cela ne suffisait pas, son père se remaria peu de temps après avec une femme mauvais, une véritable mégère qui nourrissait une haine viscérale à l’égard de la pauvre Vassilissa.

Un cadeau bien particulier

Une chose toutefois lui permettait de garder espoir malgré tout : juste avant de mourir, sa mère lui avait offert une petite poupée, une sorte de petite figure en bois qui cachait de grands pouvoirs.

Sobrement nommée « bénédiction », la mère de Vassilissa dit à sa fille que, si un jour il lui arrivait quelque chose de grave, il lui suffisait de donner de la nourriture à la poupée pour pouvoir lui demander conseil et recevoir son aide.

Cet objet toutefois, Vassilissa devait en garder l’existence secrète et n’en parler à personne.

De bien étranges sorties en forêt

Les années passant, Vassilissa devint de plus en plus belle (son surnom n’est vraiment pas volé), faisant par là même croitre la haine de sa belle-mère qui, elle, vieillissait et s’enlaidissait.

Un jour, alors que le père était en voyage à l’étranger, la terrible matrone décida que la petite famille déménagerait à côté d’une forêt de la région.

Bien connues des locaux, cette forêt était dite être le lieu de vie d’une terrible magicienne, d’une femme atroce réputée pour se nourrir des voyageurs imprudents d’une grande sorcière que certains disaient travailler avec des démons… de Baba Yaga.

Chaque jour donc, la méchante belle-mère envoyait Vassilissa dans la forêt. Pour chercher du bois, des baies ou de l’eau : toutes les excuses étaient bonnes pour essayer de faire enlever la jeune fille par Baba Yaga.

Eh oui, ce que la femme ne savait pas, c’est que Vassilissa était guidée par sa poupée magique qui l’aidait chaque fois à revenir saine et sauve.

L’ultime demande à Vassilissa

Une nuit pourtant, cela ne se passa pas comme d’habitude.

Ayant éteint toutes les bougies de la maison, la belle-mère demanda à sa malheureuse belle-fille de partir à la recherche de Baba Yaga pour lui demander du feu.

Naïve et pleine de bonté, Vassilissa accepta et partit dans la sombre forêt où vivait la sorcière.

Il y a une chose à savoir au sujet de Baba Yaga dont je ne vous ai pas encore parlé.

Malgré un caractère terrible et parfois même mauvais, cet être est habité par des sentiments de justice et d’équité.

Ainsi, lorsqu’elle rencontra la jeune Vassilissa, au lieu de la croquer sans préavis, elle lui proposa un marché : en échange de la lumière qu’elle était venue chercher, Vassilissa devait accomplir une série de tâches qu’elle lui donnerait, si elle n’y arrivait pas toutefois, elle serait mangée.

Une jeune fille plein d’abnégation

Ces tâches auraient paru impossibles à réaliser pour n’importe quel être humain censé mais, dont sa naïveté et sa pureté, Vassilissa s’y essaya sans répit et, à avec l’aide de sa poupée, su les accomplir.

Furieuse car considérant l’utilisation d’un tel objet enchanté comme de la triche, Baba Yaga se résigna toutefois à admettre sa défaite et donna à la jeune fille un crâne magique contenant une flamme qui jamais ne s’étendrait.

Une fois sa part du marché accomplit, la sorcière chassa Vassilissa et retourna à ses occupations.

Tout est bien qui finit bien pour notre héroïne

Nous héroïne rentra donc chez elle et déposa le crâne sur une table non loin de la porte d’entrée.

Dépitée, sa belle-mère partit dormir tout en réfléchissant au prochain piège qu’elle tendrait à sa victime.

Elle ne put toutefois jamais le mettre en application : en effet, durant la nuit, le crâne explosa, tuant la belle-mère et réduisant la maison en cendre… mais laissant Vassilissa sans la moindre blessure.

Après cet incident, la fille trouva refuge auprès d'une vieille femme habitant une ville voisine.

Là, elle apprit l’art du tissage et, la beauté de ses œuvres se mêlant à sa grâce naturelle, elle attira l’attention du tsar qui décida de l’épouser.

Ainsi se termine donc la légende de Vassilissa la belle.

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Quelques mots l’histoire sur ce conte

L’histoire de Vassilissa et de la sorcière Baba Yaga est en fait un ancien conte oral russe issu d’une tradition tellement ancienne qu’il est compliqué de la retracer avec précision.

Alexander Nikolayevich Afanasyev : un auteur de contes influent

Nous savons toutefois que la version la plus commune, celle que je viens de vous présenter, découle d’un travail de retranscription d’un auteur russe connu sous le nom d’Alexander Nikolayevich Afanasyev.

De 1855 à 1867, cet homme travailla à la construction d’un grand recueil de contes et de légendes russes traditionnelles qu’il appela « Les Contes de fées russes ». (Ne me demandez pas de vous le prononcer en russe, j’en serais incapable ^^)

Bref, ce fameux écrivain est considéré par de nombreux spécialistes comme l’équivalent slave aux frères Grimm, tellement son travail permit d’ancrer nombre d’histoires alors auparavant transmises oralement.

Une légende commune à de nombreux peuples slaves

Lorsque nous parlons de Vassilissa la belle, il est également intéressant de noter que, même si c’est de ce pays qu’elle en originaire, sa légende ne se cantonne pas à la Russie.

De la Roumanie aux pays baltes, en passant par la Pologne, les Balkans et toute l’Europe centrale, c’est en fait le monde slave dans son entièreté qui connait son histoire fabuleuse.

Il existe toutefois des différences régionales qu’il faut soulever.

Déjà, Vassilissa est parfois plutôt appelée Wassilissa, ou encore Vasilia.

Tandis que la plupart la surnomment « la belle » ou « la très belle », d’autres vont plutôt la qualifier de « sage ».

Dans certaines formes du récit, Vassilissa ne déménage pas chez une tisserande mais continue simplement de vivre avec son père.

Il existe même des versions selon lesquelles la méchante belle-mère aurait eu des filles, qui serait décédée avec elle dans l’explosion.

Les rôles de la sorcière Baba Yaga

Dernier point et sans doute le plus intéressant, la sorcière Baba Yaga n’est pas toujours décrite comme un être purement maléfique, bien au contraire.

Même s’il en joue toujours un rôle d’antagoniste, d’obstacles apportant des défis à surmonter, il est assez compliqué de simplement la classer dans la catégorie du mal.

En effet, comme je vous maintenant vous le montrer, cette figure est nettement plus complexe qu’il n’y parait…

Représentation de la sorcière Baba Yaga dans la nature.

La figure de Baba Yaga

Eh oui, Baba Yaga, cette mystérieuse magicienne qui habite les sombres forêt de l’Est de l’Europe, pourrait ne pas être aussi maléfique que ce vous pouvez penser.

Déjà, il faut savoir que la légende de Vassilissa la belle ne lui rend pas hommage : en effet, Baba Yaga est une figure présente dans des centaines, peut-être même dans des milliers, de conte en Europe, et qu’elle n’occupe pas toujours des rôles aussi négatifs.

Étymologie du nom « Baba Yaga »

Pour comprendre le sens originel et profond que nous pouvons lui accorder, il peut être bon de s’intéresser à l’étymologie de son nom.

Selon les linguistes, le terme « yaga » découle plus ou directement des mots de langue russe « uzkii » et « uzh », deux expressions qui servent à désigner les serpents.

Le mot « baba », lui, est une forme abrégée du célèbre « babushka », une expression utilisée pour parler des grands-mères et, en règle générale, des femmes âgées.

Le serpent dans les sociétés païennes

Tout cela ne nous avance pas vraiment : Baba Yaga serait donc une sorte de « grand-mère serpent »… Il est assez compliqué de voir ce qu’il y a de positif là-dedans !

Eh bien en fait, il faut savoir que la vision du serpent comme d’un animal est étroitement lié à la religion chrétienne.

Ainsi, les anciennes cultures païennes, et a fortiori les cultures slaves traditionnelles, considéraient plutôt cet animal comme un symbole de régénération, de transformation positive et même de renaissance.

Nous commençons déjà à mieux comprendre le sens profond de notre légende…

Voir notre Vassilissa avoir à accomplir certaines épreuves imposées par Baba Yaga nous montre en fait une allégorie des épreuves de la vie qui amènent au changement, à l’évolution personnelle.

Baba Yaga : une expression des forces de la nature

En fait, si Baba Yaga est à ce point considérée comme une sorcière diabolique dans l’imaginaire collectif, c’est principalement dues à l’influence chrétienne.

Plus que le simple changement de religion des peuples, c’est le combat entre les traditions païennes millénaires et le Christianisme qui s’illustre à travers l’évolution de la figure de Baba Yaga.

Il peut même être intéressant de noter que ce sont en fait des dizaines et des dizaines de figures folkloriques des temps anciens qui furent diabolisés suite à la christianisation des sociétés européennes.

Bref , dans les premiers temps, Baba Yaga n’avait rien de mauvais en soi, mais symbolisait plutôt une énergie naturelle alliant un caractère sauvage et imprévisible à une certaine sagesse.

Elle ne mangeait en outre aucun voyageur imprudent, et ne s’attaquait pas aux petites filles.

Au contraire, certains contes nous en parlent comme d’une femme juste qui appliquaient une sorte de justice supérieure en punissant les êtres mauvais, tout en apportant ses bénédictions aux pures et aux gentils.

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D’autres messages issus de cette légende

Vous l’aurez compris : la légende russe dont nous avons parlé aujourd’hui ensemble est chargée de symbolisme.

Même si elle cache certaines subtilités culturelles qui peut être compliqué de comprendre pour quelqu’un qui ne serait pas russe, la plupart de ses messages peuvent nous être révélés par les pistes que je vais maintenant ouvrir avec vous.

Déjà, il faut savoir que nous n’avons ici découvert qu’une version abrégée de l’histoire dans laquelle certains personnages lourds de sens sont occultés.

Pas d’inquiétude, l’essentiel des symboles vous a toutefois été présenté.

La place des femmes dans ce conte traditionnel

Avec ce que nous avons donc devant nous, une chose peut déjà nous sauter aux yeux : il y beaucoup plus de personnages féminins que masculin.

Vassilissa, sa belle-mère ou encore Baba Yaga : toutes sont des femmes.

Le seul homme dont il est question dans ce récit, le père, est absent tout du long.

Selon la plupart des spécialistes, il ne s’agit pas là d’un hasard, mais bien d’une caractéristique porteuse d’un sens profond : depuis la nuit des temps, ce sont principalement les femmes qui assurent la transmission des coutumes, du folklore et de la tradition.

Cela peut nous faire réfléchir sur la place de la femme dans les sociétés païennes, sans doute moins dévalorisée que ce que certains peuvent aujourd’hui essayer de nous faire croire.

La poupée magique de la jeune Vassilissa

Un autre élément de sens majeur de notre conte se cache dans la poupée magique.

Il est évident que cet objet renferme de grands pouvoirs assez inexplicables et, plus particulièrement, les pouvoirs que la mère de Vassilissa avaient de son vivant.

C’est avant de mourir qu’elle le donna à sa fille, un peu comme si elle avait voulu lui permettre de conserver un morceau d’elle-même.

La poupée est ainsi en quelque sorte le symbole de la transmission d’une mère à sa fille, et de toute la richesse qu’il y a à en retirer.

Le symbole de la lumière

Plus qu’un simple prétexte pour faire partir la fillette dans la forêt, la lumière des bouges porte aussi un message fort.

En règle générale, la lumière est associée au divin, au sacré ou encore à la grâce.

En éteignant les bougies pour tendre un piège à Vassilissa, la belle-mère se coupe ainsi sans le savoir du bien et d’une part de ce dont tout être humain à besoin.

Lorsqu’en plus nous voyons que ce n’est qu’après avoir relevé des défis imposés par Baba Yaga, une allégorie de l’ordre naturelle, de défis normalement impossibles à réalisés mais rendus faisables par sa pureté que Vassilissa a le droit de l’obtenir, le lien avec une sorte de connexion supérieure s’établit de lui-même.

Pour aller plus loin

Une autre légende parlant de Baba Yaga : il en existe en réalité de nombreuses que vous pouvez trouver sur le net.

L'article Wikipédia traitant du sujet des contes russes : très complets, il vous en apprendre beaucoup sur le sujet.

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author picture(Cyril Gendarme)

Découvrez l'auteur : Cyril Gendarme

Cyril Gendarme est un écrivain dont le site web "La Porte du Bonheur" est devenu une référence dans le domaine de l'ésotérisme. Né en Belgique, Cyril a été attiré par les mystères du monde depuis tout petit. Lorsque son intérêt pour l'occultisme a été éveillé, un sujet en particulier a ainsi capté son attention : les porte-bonheurs.

Après des années d'études et de recherches approfondies sur les traditions ésotériques du monde entier, Cyril a décidé de partager ses connaissances avec le public à travers internet. En 2019, il a lancé "La Porte du Bonheur", un site web dédié à l'exploration des porte-bonheurs, des symboles magiques et des arts ésotériques.

Le site de La Porte du Bonheur est bien plus qu'une simple vitrine pour les curieux de magie, de voyance ou de tradition. Il est le fruit de la passion de Cyril pour la recherche et la compréhension des mystères de l'univers. Chaque information disponible sur le site témoigne de son dévouement à partager ses connaissances sur les symboles les plus cachés, et leurs pouvoirs uniques.

En plus de son travail en ligne, Cyril organise régulièrement des ateliers et des conférences dans différents pays. Sa présence sur les réseaux sociaux est également très appréciée, où il offre des conseils personnalisés et répond aux questions de sa communauté avec plaisir.