Tout savoir sur l’Ex Voto, cette forme d'Offrande Chrétienne
Nous désignons par le nom « ex voto » (certains parlent d’offrande votive) des sortes d’offrandes chrétiennes qui, bien qu’encore utilisées aujourd’hui dans l’Église, peuvent être reliés à des traditions plus anciennes encore.
Forme d’hommage particulièrement apprécié dans les pays latins, les ex votos peuvent prendre tout un tas de formes (nous vous présenterons les plus répandus dans cet article) et recouvrir des significations et messages bien différents eux aussi.
Pour rendre grâce aux Saints, au Christ ou à la Vierge, pour se prémunir d’accidents ou d’embuches ou simplement pour dire merci, il existe un ex voto pour chacune de vos aspirations.
Table des matières :
Définition : c’est quoi un ex voto ?
Quelques exemples emblématiques
Définition : c’est quoi un ex voto ?
Trouver la définition d’un ex voto est à la fois quelque chose de simple et de compliqué.
Comme nous l’avons dit en introduction, il s’agit là d’une sorte d’offrande chrétienne (et même principalement catholique).
Le terme d’offrande est pourtant ici trompeur : il ne faudrait pas se tromper avec celles qu’ont pu pratiquer les païens des siècles passés !
Tandis qu’eux voyaient l’offrande comme un « échange », comme un don contre don, les Chrétiens qui utilisent des ex votos le font plus dans une optique de don pur et de remerciement.
Pour un bien supérieur reçu, pour une maladie guérie, un accident évité ou simplement pour le don de la vie… Ce ne sont certainement pas les raisons de dire merci manquent !
Une autre façon de trouver la définition d’un ex voto peut être de s’intéresser à son étymologie, à l’origine du mot.
À ce titre, le terme est issu du Latin et correspond en fait à l’abréviation de l’expression « ex voto suscepto », qui se traduit en français par « par le vœu qui a été fait ».
Dans un premier temps donc, les offrandes votives étaient une façon de remercier une divinité ou force supérieure grâce par qui un de nos vœux, ou une de nos demandes, avait été réalisé. Comme nous venons de le dire, il y avait donc une idée d’échange, de marché.
Bref, si nous voulons apporter une définition plus précise, il peut être bon de se pencher sur l’histoire de l’ex voto, ainsi que d’illustrer tout cela à travers quelques formes qu’il peut prendre.
Eh bien c’est précisément ce que nous allons maintenant faire ensemble…
Quelques exemples emblématiques
Un exemple vaut mille discours !
Nous croyons en la véracité de ce dicton, et allons donc maintenant illustrer notre propos par quelques exemples d’ex voto répandus dans la tradition chrétienne d’hier comme d’aujourd’hui.
Les médailles de saint
Dans l'Église catholique romaine, des médailles à l’effigie des figures religieuses sont utilisées depuis des siècles comme porte-bonheur… et comme ex voto.
Déjà, porter une médaille est une façon de vénérer à la figure qui s’y trouve. Un peu à la manière dont porter une petite croix en pendentif permet de rendre hommage au Christ et de nous rappeler sa persécution, une médaille de Saint ou de la Vierge servira à leur donner une attention particulière.
Certains dans l’Église peuvent même que porte la bonne médaille religieuse sera une façon de demander l’intercession du Saint ou de la Sainte qu’elle représente en notre faveur.
Il n’est ainsi pas rare de voir des malheureux ou des malades porter de tels bijoux et, c’est bien le sujet de notre article, en utiliser comme ex voto.
En fait, l’utilisation de médailles de saints est tellement ancré dans la tradition chrétienne que certains croyants les considèrent comme étant des « sacramentaux », autrement dit comme des « éléments porteurs d’un sens spirituel et étant en lien avec les sacrements ».
Bref, si tout cela a éveillé votre curiosité et que vous souhaitez découvrir quelques modèles de médaille catholique, cette collection spéciale devrait vous plaire.
Le cierge
Dans à peu près chaque église ou cathédrale dans laquelle nous pouvons rentrer se trouve une petite boite contenant des cierges.
Plus qu’une façon de faire un don et de soutenir la paroisse, allumer un cierge est en réalité une forme d’hommage, une forme d’ex voto.
Le plus célèbre est d’ailleurs le fameux « cierge pascal », allumé au cours de la veillée pascale durant la nuit de Pâques, mais nous pouvons également citer la couronne de l’Avent, composée de quatre bougies allumées au cours des quatre semaines précédant Noël.
La lumière en général, et donc a fortiori celle qu’émettent les cierges religieux, porte d’ailleurs un sens très particulier qui nous est présenté dans plusieurs versets de la Bible.
En voici quelques-uns :
- « Dieu dit : « Que la lumière brille ! » Et la lumière se met à briller.» - Genèse 1:3
- « Je suis la lumière du monde.» - Jean 9:5)
- « De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux » - Mt 5:16
- « La source de la vie est en toi, à ta lumière, nous voyons la lumière. » - Psaumes 119.105
C’est clair, la lumière porte bien une signification unique dans la tradition chrétienne !
Le crucifix
Nous ne pouvions parler des ex votos sans parler du crucifix !
Dans chaque Église acceptant les offrandes, le lieu destiné à les recevoir en comprendre quasi systématiquement un. La raison à cela est simple : le crucifix indique la présente du Christ, l’amour qu’il porte à chacun de nous et sa mort en martyr visant à laver l’humanité de ses péchés.
D’un point de vue esthétique, les crucifix se différencient des autres formes de croix par la présence du Christ dessus (plus précisément de son corps, décrit par le terme « corpus »), pour nous rappeler plus intensément le sacrifice qu’il fit pour nous.
Apparus au 10ème siècle, les crucifix étaient d’abord utilisés de manière anecdotique dans les églises, pour peu à peu devenir une « décoration » (le terme est sans doute mal choisi) incontournable.
Les Catholiques et Orthodoxes, pour leur part, ne verront pas de problème à porter ce type de pendentif décoré d’un crucifix… mais il peut être intéressant de noter que la présence du Christ en souffrance sur la croix n’est pas quelque chose de bien vu par tous les courants chrétiens.
Les mouvements protestants et réformés considèrent en effet que, vu que les crucifix n’étaient pas présents dans les premiers temps de l’Église, il s’agit là d’une invention purement humaine et d’une sorte de dévoiement de la tradition christique originelle.
Eux donc, ne choisiront surement par cette forme d’ex voto et lui préféreront une simple croix !
L’encens
Faire bruler de l’encens est quelques choses d’extrêmement répandus dans les diverses religions et formes de spiritualité du monde.
Datant de l’Égypte ancienne (peut-être même d’avant, mais les premières traces remontent de là), utilisées de l’Europe à l’Extrême-Orient, en passant bien entendu par l’Inde, l’Afrique et le monde arabe, l’encens est vraiment reconnu de tous pour son lien avec le divin et le sacré.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que cette substance constitue un ex voto apprécié. Contrairement à d’autres formes d’offrandes, celle-ci est d’ailleurs appréciée d’à peu près tout les Chrétiens, des Catholiques ou Orthodoxes, et passant par les Protestants !
Lorsque nous nous intéressons aux Évangiles, nous pouvons d’ailleurs en trouver la mention, comme dans ce passage du Livre de l’Apocalypse :
« Un autre ange vint. Il se plaça vers l'autel, tenant un encensoir d'or. On lui donna beaucoup de parfums afin qu'il les offre, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui est devant le trône. La fumée des parfums monta de la main de l'ange devant Dieu avec les prières des saints. L'ange prit l'encensoir, le remplit du feu de l'autel et le jeta sur la terre. Il y eut alors des coups de tonnerre, des voix, des éclairs et un tremblement de terre. » - Apocalypse 8:3-5
Nous vous laissons réfléchir sur ce passage et sa signification spirituelle…
Le milagro
Il s’agit sans doute ici de la forme d’ex voto la moins connue de notre article, mais sans doute pas la moins utilisée… en tout cas au Mexique !
Déjà, il faut savoir que les Mexicains forment un peuple catholique particulièrement croyant et pieux, et sans doute celui qui croit le plus aux pouvoirs des offrandes votives.
Ils ont d’ailleurs développé un concept particulier afin de désigner leurs offrandes : les milagros.
Le mot « milagro » signifiant littéralement « miracle », nous voyons déjà facilement l’idée qui se cache derrière !
Composés de médailles, de nourriture, de petits porte-bonheurs ou de petites sculptures, les milagros forment un ensemble assez disparate et donc difficile à résumé en quelques mots.
Il est toutefois intéressant de noter que leur utilisation est très ritualisée, le fidèle dans placer son milagro dans un « manda », une sorte de petit autel dédiée une figure chrétienne en particulier que l’on retrouve un peu partout dans les églises et aux abords des lieux de pèlerinage.
Bref, comme nous allons le voir dans quelques instants, la tradition des ex votos est en réalité intrinsèquement liée à la culture mexicaine et à son histoire.
Parler ici des milagros n’est donc pas dénué de sens, loin de là…
Les ex voto comme forme de peinture
Au milieu de tous les types d’ex votos dont nous venons de parler, il y en a un qui méritait qu’un point entier lui soit dédié : les peintures.
Alors que la plupart des œuvres artistiques religieuses seront peintes sur des toiles, celles qui serviront d’ex voto pourront utiliser d’autres supports comme le bois, le métal et même le plastique.
Le but ici de faire quelque chose qui porte du sens et des messages, oui, mais également qui ne soit pas trop couteux et qui puissent être laissé dans un temple ou un autel sans peine.
C’est ainsi que la tradition des offrandes votives a donné naissance à une forme d’art pictural à part entière.
Historiquement, des peintures votives (le nom donné aux ex votos qui prennent cette forme donc) étaient commandés à des artistes locaux pour remercier qu’une de nos prières ait été exaucée, que la maladie d’un de nos proches ait été guérie ou pour tout autre raison personnelle.
Les moins fortunés pouvaient même en créer eux-mêmes, parfois sous forme dessin sur de simples morceaux de bois.
Vraiment, l’important avec les peintures votives n’est pas l’esthétique (elles ne serviront pas à décorer votre salon) mais bien le sens et l’intention que vous leur donnez.
Si d’ailleurs ce type d’ex voto vous parle, voici une icône de Marie tenant Jésus petit, et une autre représentant la scène de l’Ascension.
Toutes deux revêtent des messages chrétiens forts, l’un évoquant l’amour maternel et bienveillant de la Vierge, et l’autre nous rappelant la double nature humaine et divine du Christ.
Les ex voto à travers l’histoire et les cultures
Le dernier point sur lequel nous allons nous pencher aujourd’hui dans notre découverte du « phénomène ex voto » sera son histoire.
Eh oui, pour bien comprendre le sens de quelque chose, savoir le replacer dans le temps et l’espace est souvent indispensable… et en plus, cela vous donnera quelques anecdotes à raconter à vos amis !
Une origine romaine et antique
Nous l’avons évoqué avec l’étymologie du terme « ex voto » mais, oui, cette forme d’offrande remonte bien à l’Antiquité. En règle générale, la plupart des polythéismes des siècles passés utilisaient des offrandes.
Les archéologues en ont par exemple retrouver des traces en Mésopotamie, mais également dans l’Égypte antique et chez les Étrusques, pour ne citer qu’eux. Le culte de telle divinité impliquait la présence d'offrandes, tandis que tel sanctuaire antique proposait l'échange de bénédictions contre des dons.
En ce que qui concerne les ex votos, il semblerait que la tradition soit liée au phénomène des « donaria », des sortes de cadeaux faits aux divinités qui étaient accrochés par les prêtres sur les murs des temples romains.
Eh oui, cela peut être choquant pour certains Chrétiens, mais cette tradition pourtant bien ancrée dans l’Église était déjà pratiquée (sous certaines formes en tout cas) par des païens et des hérétiques !
En réalité, cela est vrai pour énormément d’éléments que nous pouvons penser à tort propres au Christianisme…
Très apprécié des Italiens…
Historiquement, les ex votos découlent donc de la civilisation romaine. C’est donc tout à fait normal que ce soit en Italie qu’ils aient le plus été utilisés.
En particulier, il se développa au 15ème siècle dans la région une formidable tradition de peinture votive chrétienne qui, aujourd’hui encore, magnifie les nombreuses églises du pays. Modèle de dévotion l'italienne, le peuple s'en servait comme moyen de prière et d'exaltation de l'art.
Certains modèles commandés par des clients fortunés, de véritables mécènes en somme, constituent des œuvres parmi les plus belles de tous les temps, œuvres que nous pouvons admirer dans les musées les plus prestigieux de la planète.
Bref, à partir de l’Italie de la Renaissance, les ex votos vont se répandre à travers toute la Chrétienté, allant même jusqu’à traverser l’Atlantique quelques siècles plus tard…
…mais aussi des Mexicains !
En effet, les ex votos ont voyagé jusqu’en Amérique grâce aux colons européens qui arrivèrent en masse dès la fin du 15ème siècle.
De tout le continent, il y a toutefois une région où ils prirent une ampleur inattendue : nous en avons parlé plus tôt, il s’agit bien du Mexique.
Dès l’arrivée des Espagnols, la tradition des offrandes votives se répandit véritablement dans le pays, sans doute car le terreau civilisationnel méso-américain, fait lui aussi d’offrandes et même de sacrifices, s’y prêtait plutôt bien.
C’est ainsi vers le 19ème siècle, avec les progrès technique donnant accès à des peintures bon marché, que le véritable boom des ex voto eut lieu, des milliers d’artistes peintres se consacrant à cette forme d’art, et un peuple entier les utilisant dans leur vie quotidienne.
Porte-bonheurs présentés dans cet article
Pendentif au pieu crucifix
Voir plusIcône de la Vierge Marie tenant l'enfant Jésus
Voir plusIcône de l'Ascension
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